Lorsque l’on perd un être cher, c’est bien souvent une période douloureuse à traverser qui vient bouleverser toute la famille. Mais lorsqu’un parent perd son enfant, c’est un véritable séisme qui secoue la famille tant ce deuil est difficile voire impossible à faire. Et c’est lorsque qu’un enfant est conçu après le décès d’un ou d’une aîné(e) dont les parents portent encore le deuil, qu’on parle d’ « enfant de remplacement » en psychogénéalogie.
Il pourra s’agir du décès d’un enfant en bas âge (mort subite du nourrisson par exemple) mais aussi d’un enfant mort-né, ou encore d’une fausse couche ou une IVG. Pour faire face à ce départ inadmissible, l’inconscient va alors « programmer » la venue d’un enfant dont la fonction sera de « remplacer » cet enfant disparu.
Cet enfant de remplacement pourra avoir un ou plusieurs liens transgénérationnels avec son aîné(e) disparu.
Il pourra y avoir, par exemple, une correspondance au niveau des dates concernant les deux enfants. Par exemple, la date de naissance du nouveau-né pourra correspondre à la date de naissance ou à la date de décès de l’aîné(e).
Parfois, c’est par le prénom que se fera le lien. L’enfant de remplacement pourra par exemple porter le même prénom que son aîné. Ceci ne sera pas sans conséquence pour ce nouveau-né qui, d’une part, arrive dans une période émotionnellement chargée (du fait de ce deuil bloqué), et qui, de plus, va se retrouver identifié à l’enfant décédé dont on lui donne la place dans la fratrie.
Quelles conséquences ?
L’enfant de remplacement pourra jouer son rôle de différentes manières.
Il pourra être l’enfant sage, calme, doué, pour éviter de faire souffrir encore plus ses parents. Il pourra s’effacer et devenir transparent de façon à ne pas les déranger.
Il pourra aussi adopter l’attitude contraire et se montrer très actif voire turbulent, agité. De cette manière, il se montre « en vie » contrairement à son aîné qui ne l’est plus.
L’enfant de remplacement pourra également manquer de confiance en lui ou se dévaloriser à force de se démener à essayer d’en faire toujours plus pour obtenir l’amour parental.
L’enfant de remplacement sait inconsciemment que, sans le décès de cet enfant, il n’aurait peut être pas été conçu. Ainsi, de manière à s’assurer d’être accepté par le clan, il va inconsciemment s’interdire d’être lui-même par loyauté familiale et jouer parfaitement son rôle de remplaçant.
Sa quête d’identité propre est donc complexe. Il est en effet difficile de trouver et de prendre sa place lorsqu’on rivalise avec un enfant décédé et qui est souvent idéalisé par ses parents.
A cela pourra également s’ajouter un sentiment de culpabilité du survivant, surtout si les parents se sentent coupables du décès de leur enfant.
Si vous êtes en deuil de votre enfant…
Peut être vous posez vous la question du bon timing pour donner la vie à un autre enfant ? Je vous invite à consulter l’avis et les conseils du psychiatre Christophe Fauré dans cet article. Son expérience lui a en effet permis de constater «l’impact positif de l’arrivée d’un nouvel enfant sur le processus de deuil des parents. »
Des enfants de remplacement célèbres
Vincent Van Gogh
Vincent Van Gogh est né le 30 mars 1853. Il est le second enfant d’Anna et Théo qui ont eu un premier enfant mort-né le 30 Mars 1852, soit un an plus tôt, jour pour jour. Vincent porte les mêmes prénoms que lui : Vincent Wilhelm.
Ses parents habitent en face du cimetière où est enterré le petit Vincent. Dans ce cimetière, il y a donc une tombe portant son nom et sa date de naissance à un chiffre près. L’histoire raconte qu’à chaque anniversaire, l’enfant accompagne sa mère sur la tombe de cet autre Vincent Van Gogh, celui dont elle déplore la perte, le « véritable » Vincent qu’il vient « remplacer ».
Vincent ne pouvait donc pas se sentir aimé pour lui, ni trouver sa place ; le cœur de sa mère étant déjà occupé par un autre Vincent.
La fratrie Van Gogh connaîtra 4 suicides sur 6 enfants vivants. Le premier est celui du peintre. Le second, celui de son frère Théo (quelques mois après la mort de Vincent) qui mettra fin à ses jours après avoir tenté de tuer sa femme et son fils.
C’est ce même fils, qui porte lui aussi les prénoms de Vincent Wilhelm, qui sortira de la « malédiction » des Van Gogh, en réalisant le projet du musée du même nom.
Sources :
Paola Del Castillo, « Le Grand Livre de la Psychogénéalogie »
Vincent Van Gogh était un enfant de remplacement – Généasens (geneasens.com)
Salvador Dali
Salvador Dali est né le 11 Mai 1904, soit 9 mois après la décès de son frère ainé, prénommé lui aussi Salvador.
« Alors qu’il avait cinq ans, ses parents l’emmenèrent sur la tombe de son frère et lui dirent — selon ce qu’il rapporta — qu’il en était la réincarnation. Cette scène aurait fait naître en lui le sentiment d’être la copie de son frère, ainsi qu’une crainte du tombeau de son frère, et le désir de prouver son caractère unique dans le monde. »
Source :
Salvador Dalí — Wikipédia (wikipedia.org)
Si le sujet vous intéresse, vous pouvez découvrir d’autres exemples d’enfants de remplacement qui ont marqué l’histoire ici, et la manière dont ils ont joué leur « rôle » ou dont ils s’en sont libérés.